Habiter son chez soi…
Dans mes cours de chant, les élèves passent sur la table de massage. C’est un passage indispensable pour s’assurer de la meilleure coordination respiratoire possible (je donne aussi des séances de Coordination Respiratoire MDH™ uniquement). Ce moment allongé permet non seulement une prise de conscience des processus en œuvre lors de la respiration, mais aussi et surtout de se retrouver en lien avec soi-même.
En effet, chanter c’est communiquer, c’est être en lien avec les autres. Mais difficile d’être relié aux autres si on n’est pas relié à soi. On peut l’être par différents moyens, en passant par des portes diverses et variées (j’ai parlé rapidement notamment de la triade « tête-cœur-corps » dans cet article). Je fais d’ailleurs l’hypothèse que si on n’est pas touché par un·e artiste, c’est en partie parce qu’il ou elle n’est pas tout à fait relié·e intérieurement. Cela n’engage que moi et mériterait d’être vérifié.
L’approche que j’adopte fait donc en sorte de vous faire entrer en lien avec vous-même, par le corps, par la pensée et par les émotions, afin de pouvoir partager avec celles et ceux qui vous entourent à travers le chant ou simplement la voix.
Lors d’un stage de Coordination Respiratoire MDH™ auquel j’ai assisté en juillet 2025, on nous a rappelé qu’on pouvait considérer notre corps comme notre maison. Et donc qu’on peut l’habiter, pleinement, en prendre soin, l’aérer, y mettre de la lumière dans toutes les pièces, pour s’y sentir bien. Là où cette image a été révélatrice pour moi, c’est que j’ai une tendance à m’acharner sur mes tensions, comme si je ne voyais que les défauts dans mon logement. J’ai donc tenté depuis de voir plutôt les endroits où je me sens bien (les parties du corps qui sont détendues par exemple, ou juste confortables) et considérer qu’elles sont comme illuminées. Si j’y arrive désormais, je tente d’amener cette lumière vers les zones plus sombres.
Une structure solide
Si le corps est ma maison, le squelette en est certainement la charpente. Apprendre à lui faire confiance, a répartir le poids le long de la colonne vertébrale, dans le bassin, jusqu’aux pieds est un travail quotidien, mais tellement bénéfique lorsqu’on trouve ce fameux axe dont je parlerai plus longuement dans un prochain article.
Je vous propose un tout petit exercice simple qui permet d’entrer en relation avec cette colonne vertébrale et les perspectives de mouvement qu’elle offre. Asseyez-vous sur le bord d’une chaise, bien posé·e sur vos ischions, les pieds bien en contact avec le sol. Pour sentir les possibilités de flexion « verticale » enroulez la colonne gentiment vers l’avant, au mieux de vos facultés. Relevez-vous et faites de même vers l’arrière. Puis explorez la flexion latérale : penchez vous vers la gauche, puis vers la droite. Et enfin observez et ressentez la rotation en tournant votre torse vers la gauche, puis vers la droite.
Durant cette exercice, n’oubliez pas de respirer, expirez en faisant un tout petit « s » ou un « f » très léger. L’important est de ne surtout pas bloquer la respiration, de respecter les limitations de votre corps (faites les mouvements calmement) et de ne pas inspirer brusquement. Répétez le cycle 3 ou 4 fois et voyez si cela change quelque chose pour vous. Il se peut que vous vous sentiez plus présent·e, plus léger·ère, ou simplement plus conscient·e de votre dos. Ou rien de particulier. Dans tous les cas, vous aurez mobilisé votre corps pour une nouvelle activité ou le début de votre journée.

J’espère que cette petite réflexion vous permettra d’emmener votre corps avec vous toute la journée, sans le considérer comme une partie dérangeante de vous-même, mais comme un véritable lieu de sécurité et de bien être.